Malaisie - jour 7 : Découverte de Malacca

Mercredi 16/07
  • Jalan Tun Tan Cheng Lock (Baba - Nyonya Heritage)
  • Jalan Hang Jebat (Jonker street)
  • Kampung Morten et la villa Sentosa
  • Quartier Hollandais
  • Resto Pak Putra





Lever 8h30/9h, après une bonne nuit.
Le petit déjeuner de l'hôtel Puri, quoique bien fourni, n'est pas terrible. Toutefois ça fait plaisir de boire un café autre que lyophilisé.




Nous décollons tranquillement vers 10h30  : nous avons quasiment 2 jours pleins pour découvrir la ville, alors que d'autres n'y passent qu'une petite journée au départ de Kuala Lumpur... (ce qui est selon moi une erreur).

Malacca est une petite ville qui synthétise de façon plutôt réussie la richesse culturelle de la Malaisie.
C'est une ville au passé riche, qui fût fondée stratégiquement par un prince hindoux venu de Sumatra (la grande île indonésienne en face, de l'autre côté du détroit) qui ambitionnait ainsi de contrôler commercialement la route des épices entre la Chine, l'Inde et les îles indonésiennes. Au début du 15ème siècle, l'amiral chinois Heng Cho, découvreur et grand commerçant se rendit à Melaka et y proposa sa protection contre les Siamois (ex Thaïlandais) qui menaçaient la zone. Les colons chinois qui arrivèrent à sa suite se mélèrent à la population locale et renforcèrent leur implantation en tissant avec elle des liens de sang. C'est ainsi que naquirent les Baba-Nyonya (littéralement l'homme et la femme), ou chinois des détroits, couples mixtes sino-malais, chaque "branche" de la famille apportant sa culture, ses traditions en respectant celles de l'autre.




Au début du 16ème siècle, les Portugais en pleine crise expansionniste, attirés par les épices et la relative proximité des comptoirs chinois, arrivent à Melaka qu'ils transforment en place forte. Les catholiques commencent l'évangélisation des populations locales (l'islam est déjà proclamé religion nationale).
Mais le port de Melaka décline, petit à petit victime de l'instabilité de la région.
Vers le milieu du 17ème siècle, les hollandais s'emparent de Melaka après plusieurs mois de siège (où ils viennent pour les mêmes raisons que les Portugais) qu'ils contrôleront pendant 150 ans.
Fin 18ème, les hollandais sont affaiblis dans leur pays par les Français (hahaha !) et les anglais administrent alors provisoirement les colonies hollandaises, et en 1824 Melaka est définitivement cédée aux anglais, les hollandais préférant consacrer leurs forces à leurs comptoirs indonésiens.
La couronne britannique s'avère elle aussi peu attachée à la ville qui est vite dépassée par la croissance de Singapour. La ville sombre dans une léthargie qui durera jusqu'à nos jours. Après l'indépendance de la Malaisie en 1956 vis à vis l'Angleterre, il ne s'y passe pas grand chose mais c'est avec le développement touristique du pays et surtout grâce à son classement au patrimoine mondial de l'Unesco en 2008 que la ville renaît.
Le coeur historique de Melaka concentre donc toute cette richesse historique.

Voilà, ouf, après cette minute historique, la visite peut commencer.

Nous débutons la découverte par Jalan Tun Tan Cheng Lock, la rue de notre hôtel, située dans le quartier Chinois.

En face de notre hôtel, un bâtiment plutôt original, de style hollandais : Chee Mansion, que nous ne pourrons hélas visiter (fermé).




Nous entrons ensuite dans un premier temple chinois, investi aujourd'hui par une association culturelle comme il en existe de très nombreuses dans la ville.





















Belles façades jusqu'au "Baba - Nyonya Heritage", une ancienne maison sino-malaise conservée en parfait état d'entretien. Nous entamons la visite (1h30 / photos interdites). Au fil des pièces admirablement préservées nous faisons connaissance avec cette culture mixte empreinte de colonialisme. Mobilier noble incrusté de nacre, boiseries sombres rehaussées d'ornementations dorées, broderies de soie représentant sous forme de fresque la symbolique chinoise, faïences, costumes traditionnels de mariage, objets de la vie courante. Visite passionnante !


La façade du Baba-Nyonya Heritage

Nous remontons ensuite Jalan Hang Jebat (Jonker street), où s'étalent les stands de rue les week-ends. Jolies "shop houses" colorées, échoppes originales où s'entassent toutes sortes de marchandises et de nourriture, antiquaires. Ce serait une rue très agréable si l'intensité de la circulation couplée à l'étroitesse des trottoirs ne rendait pas le cheminement si pénible...












Les portes de plusieurs maisons traditionnelles sont ornées de larges tableaux laqués de noir gravés de lettres dorées signifiant le nom ou la devise de la famille, nécessaire pour repérer les maisons à l'heure où les numéros de rue n'existaient pas. Certains accrochaient également de belles lanternes affichant le nom de la famille.

Nous visitons ensuite un temple chinois, le Hokkien Huay Kuan Temple. Belle façade et surtout magnifique toiture, très colorée. L'intérieur est toutefois assez sobre.










Les trishaws sillonnent la ville en quête de clients











Joyeux mélange... !










Nous poursuivons Jalan Hang Jebat puis redescendons la rue et prenons ensuite Lorong Hang Jebat qui longe la rivière car nous avons faim et avons reperé le Riverine Coffehouse.
Terrasse ombragée au bord de l'eau, et un petit courant d'air bien agréable par cette chaleur étouffante. Accueil toujours souriant, et la cuisine nyonya est très bonne : chicken randang pour Val et moi, Laksa (soupe avec légumes, nouilles, poisson) pour Audrey, spécialité de poulet au tamarin pour Léa, légumes sautés (épinards d'eau) et nasi goreng en accompagnement (riz sauté avec des légumes, des oeufs, des crevettes, des tranches de calamar, un genre de riz cantonnais en plus savoureux, typiquement malaisien).








L'église de Saint Francis Xavier de l'autre côté de la rivière, dans le quartier Hollandais

Rassasiés, nous repartons vers 14h pour une balade le long de la rivière.
Nous passons devant les façades colorées des nombreuses gesthouses,  empruntons des allées très fleuries et bien propres......









.....puis nous traversons une sorte de no-man's land où l'on dirait que la pauvreté a été repoussée : eau saumatre et puante, tôle rouillée, saleté, cadavres de poissons... Un gros varan a bien du mal à se frayer un passage dans les décombres de ces habitations victimes d'un incendie. Il y a donc 2 Malacca dont une que l'on a essayé tant bien que mal de cacher au regard des touristes...










Une vingtaine de minutes plus tard nous arrivons à Kampung Morten, un quartier traditionnel à l'architecture melakaise très préservée. Le lieu rappelle le Kampung Baru de Kuala Lumpur, mais de taille bien plus modeste et surtout mieux valorisé par ses habitants, qui visiblement s'y investissent beaucoup.















Nous arrivons au but de la balade : la villa Sentosa.
Perchée sur ses pilotis, cette mignonne et authentique maison en bois aux rideaux roses et au joli jardin fleuri se visite. Restée dans son jus, elle est aujourd'hui toujours habitée par une adorable petite mamie, la neuvième d'une famille de 12 enfants, qui n'a jamais quitté les lieux. La maison a été bâtie par son grand-père en 1920 et toutes les générations s'y sont succédées.












Dans un anglais approximatif mais avec un grand coeur, elle nous donne, pièce après pièce, une lecture de l'histoire familiale. Vieilles photos souvenirs, collection d'objets divers (les vieux appareils photos étaient le hobby de son père), costumes traditionnels d'époque, vitrines emplies de bibelots hors d'âge, souvenirs de famille.....




















....Il reigne dans cette maison l'odeur du passé, une mélancolie touchante que les commentaires et la gentillesse de notre mamie renforcent.
Dans le salon familial, nous découvrons quelques albums photos de visiteurs, les cahiers où ces derniers laissent trace de leur passage sous forme de commentaire, le plus ancien de 1994, année d'ouverture de la maison aux visites.







Fauteuils du mariage, nous sacrifions au rituel :)



Dans chaque pièce, comme si nous faisions partie de la famille, elle insiste pour nous prendre en photo : sur le lit nuptial de son père, à table dans sa salle à manger, dans sa cuisine, elle est incroyable.......








Nous terminons la visite par un tour du jardin depuis lequel nous réalisons que Kampung Morten est désormais cerné par d'immenses et atroces buildings....
Puis quittons, émus tous les quatre, l'étonnante mamie de la Villa Sentosa.








Nous faisons chemin inverse le long de la rivière pour regagner le centre ville et débutons la visite du quartier colonial hollandais par la place du Stadthuys, l'ancienne maison des gouverneurs hollandais (env. 1650) et Christ Church contruite en 1753 en l'honneur du centenaire de l'occupation, hélas fermée à cette heure (il est plus de 16h, les monuments semblent fermer tôt ici). Les briques rouges ayant servi à sa construction proviendraient de Hollande.






La place est envahie de touristes chinois ou singapouriens et de trishaws, les "pousse-pousse" de Melaka, qui proposent de colorées, bruyantes (ils ont réussi à installer de grosses sono sur leur machine !) mais "originales" visites de la ville.










Nous montons ensuite sur la petite colline pour parvenir à l'église Saint-Paul qui domine la ville. Cette église - il n'en reste que les murs - fut bâtie en 1521 par les portugais. Entre les murs, les pierres tombales de quelques notables portugais, un chanteur de rue et un dessinateur doué entouré de ses chats.














La porte de Santiago depuis la colline Saint Paul

Nous redescendons de la colline par le côté opposé à notre arrivée, et gagnons la Porta de Santiago, seul vestige de l'ancienne forteresse portugaise (A Famosa) construite en 1512. Cette dernière, si elle fut relativement préservée par les portugais, subit une destruction quasi totale par les Anglais.
Nous terminons ainsi la visite du quartier hollandais, que nous trouvons finalement assez peu intéressant et surtout très limité.



la réplique (devenue musée) du palais du Sultan de Malacca

Il fait soif et toujours très chaud en cette fin de journée : nous remontons Jalan Hang Jebat et allons nous rafraîchir et nous reposer un moment dans la salle tamisée du Geographér Café (ambiance et prix occidentaux).

Pour terminer la journée, nous décidons de dîner au restaurant indo-pakistanais Pak Putra, qui nous a été vanté. Situé dans une rue parallèle à l'ouest d'Hereen Street, l'environnement ne paie pas de mine. Installé dans une zone sans caractère regroupant nombre de restaurants du même genre, il étale ses traditionnelles chaises et tables en plastique sur un pseudo parking.




Mais l'essentiel n'est pas là : l'accueil est très sympa, leur poulet tandoori préparé traditionnellement est excellent et moelleux, leurs cheese nans sont parfaits, et super jus de fruit frais ! On y mange copieusement pour 70RM à 4...

La journée se termine ainsi, la bouche excitée par les épices du tandoori, la peau moite de sueur de cette belle journée de visite.

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