Mercredi 14 mars
- Rizières de Banaue
- Trek et paysages de l'Ifugao jusqu'au point de vue sur Pula
- Rizières de Pula
- Baignade en rivière
- Installation chez l'habitant et découverte du village de Pula
- Dîner, feu de camp et nuit à Pula
Lever à 8h, quelque peu difficile car nous sommes restés éveillés de 5h à 6h... Il nous faut désormais nous dépêcher car Samuel et Attom passent nous chercher à 9h. Nous déjeunons rapidement sur la petite terrasse avec vue de la guesthouse et terminons de boucler nos sacs pour les quatre prochains jours.
Nous sommes finalement prêts vers 9h30 et rejoignons notre équipe de choc complétée d'un nouveau membre, Jojo, un joyeux luron jovial et bavard qui vient assister Attom pour notre trek. Les deux seront chargés de sacs volumineux, nous permettant d'être autonomes notamment pour les repas et l'eau.
Nous réglons les derniers détails pratiques puis nous voilà partis sous un grand soleil dans le beau jeepney de Samuel.
Rizières de Banaue
Nous faisons une pause "photo" au premier "viewpoint" pour revoir la vue avec cette belle lumière...
... puis filons rapidement au second viewpoint dont le bitume, au début du chemin, porte encore les stigmates des déboires d'Audrey la veille. Nous écartons gentiment les quelques femmes en tenue "traditionnelle" qui posent pour les touristes, un folklore qui nous convient moyennement. Le point de vue est ici magnifique, les rizières de cette région de l'Ifugao s'offrent à nous de façon spectaculaire. C'est incroyable de se dire que les premières ont été bâties il y a plus de 2400 ans !
Nous poursuivons notre route pendant une dizaine de minutes jusqu'au point de départ de la randonnée, après avoir quitté la route principale.
Nous nous équipons puis faisons quelques photos avec l'équipe pour fêter notre départ et faire honneur au jeepney.
Samuel et son beau jouet :) |
La fine équipe - Jojo à gauche, Attom à droite |
Trek et paysages jusqu'au point de vue sur Pula
10h15. On est partis !
La première heure s'effectue en montée, sans trop de difficulté. La végétation est luxuriante, le chemin est bon.
Nous arrivons à une sorte de petit col d'où la vue est particulièrement belle sur la vallée et les montagnes environnantes.
Nous progressons ensuite pendant environ 2h30 sur une sorte de courbe de niveau, par un sentier magnifique bordé de fougères arborescentes spectaculaires puis de majestueux bananiers, et toujours régulièrement cette vue superbe... Au loin dans la vallée nous pouvons apercevoir le petit village de Cambulo accessible à pied depuis Pula et Batad.
Pula et ses rizières
Nous parvenons sur une crête d'où nous avons maintenant une vue plongeante sur le village de Pula.
Nous pique-niquons ici, face au Mont Mayuyao et aux rizières. Dans la vallée la rivière forme quelques cascades. Quelques tables sont aménagées à l'ombre, nous en profitons accompagnés d'un autre petit groupe.
Le village de Pula est séparé en deux parties : "New Pula", plus en hauteur, constitué uniquement de petites maisons en tôle et béton, où se trouve la guesthouse, l'école... et "Old Pula" où se situent les maisons les plus anciennes et traditionnelles en bois et en feuille de nipa, très isolant de la chaleur, de la pluie et du froid. C'est à Old Pula que nous passerons la nuit, proches des habitants.
Après une heure de pause nous continuons. Le sentier vers le village est très raide mais bien tracé et aménagé. Dans la descente, nous profitons de jolies vues sur le village en surplomb de la rivière, tandis que notre regard embrasse ce beau paysage de rizières.
Baignade en rivière
Tout en bas, juste à côté de la cascade, une buvette toute simple est installée où nous buvons un café en attendant que le petit groupe présent libère les lieux. Nous allons ensuite nous baigner, profitant de l'eau fraîche et claire pour éliminer la sueur et la poussière accumulées dans la journée. Le cadre est très agréable.
La vallée est encaissée, aussi, bien qu'il soit à peine 16h l'ombre des montagnes commence à gagner les rizières. Nous remontons vers le village. Les vues sont absolument magnifiques. Les murets en pierre sont parfaitement entretenus. Il faut dire que les rizières sont la grande richesse des habitants, bien qu'elles leur apportent de quoi se nourrir une partie de l'année seulement. En effet la production n'est pas suffisante pour subvenir aux besoins compte-tenu de la difficulté à cultiver dans ces vallées géographiquement très contraintes et de l'intense consommation de riz des Philippins (tous mangent du riz trois fois par jour, en quantité). Paradoxalement ils sont obligés d'acheter du riz d'importation (Chine, Vietnam).
Les habitants prennent donc grand soin de leurs rizières et il y consacrent une grande partie de leur temps et de leur énergie.
L'esthétique est ici renforcée par de gros rochers naturellement posés ça et là à flanc de cultures et par l'eau qui s'écoule en cascade entre chaque terrasse par de multiples passages.
Installation et découverte du village
Nous atteignons le haut du village et nous faufilons entre les petites maisons posées en rang serré. C'est tellement tranquille et authentique... Nous découvrons avec bonheur notre hutte pour cette nuit, tout en bois, "louée" par Véronica et sa famille pour la nuit. Grâce à Samuel et Zélie nous serons couchés (presque) comme des rois puisqu'un matelas et des sacs de couchage nous seront fournis. Notre adorable Attom nous prépare même notre lit, sans oublier la moustiquaire !
Nous sommes aux anges. Nos affaires rapidement posées, impatients, nous partons faire le tour du village qui ne compte que quelques maisons alignées sur une sorte de crête au milieu des rizières.
Des enfants s'amusent, un jeune garçon s'active à battre le riz, c'est à dire à séparer les grains des feuilles, puis les passer au tamis. Nous restons un moment avec les enfants, très sociables. Ils jouent autour de nous, avec nous, et sont aussi curieux que nous. Nous profitons un moment de l'instant, puis partons nous balader au cœur des rizières.
Le riz est ici à plusieurs niveaux de maturité. Les jeunes semis, bien verts, en rang serré, attendent d'être repiqués. De jeunes pousses moins vertes, courtes, ont été plantées il y a une semaine, et des plans plus hauts, plus verts et matures dont la plantation remonte à environ 4 semaines. Il faut savoir qu'ici le riz parvient à maturité après 4 à 5 mois selon l'exposition, le climat, ce qui ne permet d'obtenir qu'une seule récolte par an.
Vraiment un beau spectacle que ces rizières avec les montagnes et le village pour décor naturel, bien que la lumière ne soit désormais plus très favorable, le soleil se couchant derrière les montagnes.
Dîner, feu de camp et nuit chez l'habitant
Nous rejoignons Attom et Jojo dans le village et discutons un moment avec eux en buvant un café autour du feu. Le feu est vraiment l'élément central dans les villages, comme au Kalinga où nous étions hier et avant hier. On s'y rassemble pour se réchauffer, pour discuter, mais c'est là aussi que l'on cuisine. Ici, sans route pour acheminer essence ou bouteille de gaz, les habitants cuisinent toujours au feu de bois, parfois même à l'intérieur des maisons pour chauffer et assécher l'atmosphère souvent humide.
Nos deux compères se lancent donc dans la préparation du repas, refusant notre aide. D'abord la cuisson du riz, à l'étouffée, puis la cuisson de la viande en sauce Adobo : sauce soja, oignons, ail, gingembre, christophine (une sorte de cucurbitacée), feuilles de pomelos. Puis les légumes sautés à l'huile de coco.
Nous discutons un bon moment autour du feu puis Véronica, notre hôte, nous rejoins. Elle revient de Banaue à pied avec un énorme chargement de provisions diverses, après un trajet de 30 minutes de voiture puis 4 heures de marche.
Elle nous apporte du vin de riz fabriqué au village, sorte de brouet de riz pilé et fermenté entre 7 à 15 jours. Nous goûtons et trouvons ça très bon, c'est à la fois un un peu acide et sucré. Il faut dire que dans un tel cadre et dans un tel moment, nous pourrions trouver beaucoup de choses excellentes. Tout aurait une saveur particulière.
Il n'est pas tout à fait 19h mais le repas est fin prêt. Alors nous passons à table et mangeons tous ensemble dans la bonne humeur, même si Véronica reste un peu en retrait. On se régale !
A la fin du repas nous nous réunissons à nouveau autour du feu pour discuter et boire quelques bières, tandis que les membres de la famille et quelques habitants nous rejoignent progressivement, passent un moment pour discuter ou manger un morceau. Pas de photos, juste apprécier l'instant.
Jojo, qui est un vrai boute-en-train, pousse la chansonnette et met une sacrée ambiance. On rigole bien : quelques airs de country, un bout de bois en guise de guitare, tout le monde l'accompagne à voix basse et apprécie ce moment simple et gai.
Le temps s'écoule doucement sous un ciel exceptionnellement étoilé.
Attom et Jojo nous en apprennent un peu plus sur la vie, rude, des habitants dans ces villages de montagne dont ils sont aussi issus. Des difficultés à scolariser les enfants (les écoles sont situées à des kilomètres à parcourir à pied), à dégager des revenus suffisants pour vivre toute l'année en saison creuse (les pluies s'abattent sur la région de juin à septembre). La complexité également pour se soigner, et tout simplement se déplacer. Rien est aisé ici, et la pauvreté est grande même si personne ne meurt de faim. Et cela touche l'ensemble des Philippins, ailleurs la difficulté de cette vie dans les montagnes est remplacée par l'isolement et l'insularité. C'est la réalité que cachent ces décors de rêve.
Malgré ces difficultés les habitants s'accrochent à cette vie calme, tranquille, coupés du monde et déconnectés de "notre monde". Une vie proche de la nature, rythmée par elle, une vie de chasse (singes, chèvres sauvages...), un peu d'élevage (porcs, poules), de cueillette, de ramassage de grenouilles, d'escargots...
Nous avons été prévenus : demain la journée va être rude : 4 heures de montée bien raide et 3 heures de descente tout aussi raide, sur un sentier potentiellement boueux.... Aussi vers 22h, après nous être brossé les dents à un robinet "collectif" et passés dans des toilettes sommaires, nous sommes couchés, bercés par le son de la rivière en contrebas.
Quelle belle soirée, quel cadre ! Un moment exceptionnel, l'immersion est totale.
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