Mardi 10 mars 2015
- Angkor Vat**
- Prasat Kravan*
- Pause dans un petit village Khmer
- Banteay Samré**
- Banteay Srei***
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| Façade orientale du sanctuaire central - Banteay Srei |
Nous arrivons au terme de notre séjour à Siem Reap, et comptons bien en profiter à fond. Alors on se lève une nouvelle fois assez tôt et partons vers 7h15 pour cette dernière journée avec Monsieur Kong, que nous retrouvons avec plaisir.
Angkor Vat
Nous arrivons face à Angkor Vat, sur lequel nous portons un regard bien différent que lors de la première approche au coucher de soleil du premier jour ( voir ici : http://www.deloinenlarge.com/2015/11/cambodge-jour-1-siem-reap-premieres.html )
Le soleil est déjà levé, mais la lumière est belle et à contre-jour ce temple mythique garde une allure fantastique.
Nous franchissons la grande chaussée, puis décidons d’en faire le tour pour admirer le site sous tous ses aspects.
Ce temple est l'âme du Cambodge, son emblème national. On le trouve même représenté sur les billets de 500 riels.
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| Angkor Vat pour les 500 riels, et Angkor Thom pour 1000 |
Le site d’Angkor Vat est immense : son nom signifie avec justesse “la ville qui devint une pagode”, ville construite par le roi Süryavarman II entre 1113 et 1150. Douve comprise, l’ensemble s’étend sur 200 hectares, un immense rectangle de 1500 par 1300m de côté. Le temple en lui-même, dédié à Vishnu, occupe un peu plus de 80 hectares de la cité.
Comme sur les autres sites, il ne reste hélas plus aucune trace de la ville dont les constructions étaient réalisées en matériaux trop légers pour résister aux assauts du temps. Seules ont résisté les 2 belles bibliothèques de part et d’autre de la chaussée principale.
La configuration des lieux est plutôt simple et lisible : la large douve passée, 2 enceintes se succèdent. Au centre se dresse le temple montagne, une pyramide à 3 niveaux, chacun entouré de galeries et de gopuras. Le niveau supérieur porte 5 tours, dont le sanctuaire principal à 55m au dessus du sol.
En faire ainsi le tour permet également de profiter de la lumière du matin.
Les Apsaras de la première enceinte à l’ouest se parent de belles couleurs, et le temple est superbe depuis l’entrée Est. Quelques singes animent les lieux à l’écart des chemins.
Dans la symbolique religieuse, la douve représente les océans mythiques qui entourent la terre, et les galeries concentriques qui entourent le temple représentent les montagnes autour du Mont Meru, la résidence des dieux. Les tours représentent les pics montagneux, et l’ascension bien raide rappelle celle d’une vraie montagne. La hauteur également, à mes dépends comme on le verra plus tard !
Le tour complet réalisé, nous nous retrouvons face à l’entrée principale et pénétrons dans le temple par un grand escalier.
Avant de gagner la partie centrale, nous décidons de visiter, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, les premières galeries où se trouvent de fantastiques séries de bas-reliefs. Ceux-ci s’étendent au total sur 600 m par 2 m de hauteur !
Dans la première galerie, c’est une grande bataille de l’épopée du Mahabharata qui nous est présentée. On y trouve soldats, chevaux et éléphants de guerre. L’aspect de la pierre est donné par les millions de mains qui ont effleuré les sculptures au fil des siècles, la faisant aujourd’hui passer pour du marbre noir.
La galerie suivante montre l’armée du Roi Suryavarman II qui progresse, triomphante, contre les chams et les troupes du royaume de Siam. Belle représentation du roi ainsi “déifié”, protégé par de larges parasols et rafraîchis par les grands éventails de ses serviteurs.
Nous pénétrons par une porte dans l’enceinte intérieure, pour en avoir un premier aperçu. Majestueux.
Nous poursuivons notre tour des galeries : la suivante représente l’enfer, avec ses troupes de monstres, et le paradis où vivent confortablement les élus des dieux.
Ensuite vient la célèbre galerie du barattage de la mer de lait. Cette scène mythologique magnifique s’étend ici sur 49 m de long. Elle représente les Asura (démons) à gauche et les Deva (dieux) à droite qui tirent chacun leur tour sur le corps d’un nâga géant, faisant ainsi tourner la montagne autour de laquelle il est enroulé pour baratter la mer cosmique et ainsi produire l'élixir d’immortalité.
La vie sous-marine est très riche : poissons, crocodiles, dragons, nâgas, tortues…
Au centre, Vishnu coordonne les opérations, au dessus de Kurma, son avatar tortue.
Dans le ciel dansent de belles apsaras.
Par la porte de l’éléphant, qui permettait au roi et aux membres de la cour de pénétrer dans le temple directement sans descendre de leur monture, nous pouvons voir l’intérieur de la seconde enceinte, d’où partent les escaliers qui nous mèneront, plus tard, à l’intérieur du temple principal.
Nous continuons le tour des galeries par une série de scènes mythologiques présentant Vishnu et Krishna combattant (et évidemment victorieux) contre les démons, et ensuite une série de scènes du Râmâyana, une épopée de la mythologie hindouiste qui raconte en 7 livres l’histoire de Rama, un avatar du dieu Vishnu.
Notre tour des galeries se termine par “la bataille de Langkâ” où Rama, perché sur les épaules d’Hanuman -un des héros du Râmâyana, affronte avec ses armées de singes le méchant Ravana, un démon qui a enlevé son épouse Sita. Ce dernier est représenté doté de 20 bras, sur un char tiré par des lions.
Après cette découverte des bas-reliefs, nous pénétrons dans la partie centrale dont nous faisons le tour. Très belles apsaras à ce niveau également. Une partie reste consacrée à la prière. Le temple est d’ailleurs très visité par de nombreux moines bouddhistes.
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| Une des bibliothèques |
Nous approchons ainsi les tours centrales, et je me rends compte qu’accéder au sanctuaire principal, le Bakan, ne sera pas une partie de plaisir pour moi compte tenu de la raideur et de la hauteur des escaliers, bien que la différence de niveau ne soit que de 11m… Bon, de toute façon il est hors de question que je reste en bas cette fois, donc je me lance. J’ai les jambes qui flageolent et arrivé en haut je redoute déjà la descente…
Le sanctuaire central qui symbolise le sommet du massif montagneux est entouré d’une galerie de 60m de côté, avec 4 gopuras et une tour à chaque angle. La vue est magnifique notamment côté ouest, et laisse prendre conscience de l’immensité du site et de sa qualité architecturale, d’une grande symétrie.
On reste un moment à apprécier le lieu et la vue, rafraîchis par une légère brise qui traverse les différentes ouvertures et les galeries.
Je prends mon souffle et agrippe les épaules d’Audrey pour la descente. Heureusement il y a du monde dans les escaliers, ce qui me donne l’illusion d’être moins exposé.
Lorsque nous arrivons en bas, une troupe de danseuses joliment costumées entame un spectacle assez convenu mais qui a le mérite d’instiller une certaine ambiance. Les touristes se succèdent auprès des jeunes filles, demandant une photo à leur côté quelques dollars en main. On passe vite.
Après 3 heures de visite, nous quittons ce site grandiose. Angkor Vat reste mythique, mais nous devons reconnaître que nous avons préféré d’autres temples. Certainement que notre cœur penche plutôt vers les ambiances plus natures, plus intimes.
Nous rejoignons Monsieur Kong pour partir vers l’est sur 3km, et faisons une courte pause de 25mn environ pour visiter un petit temple, charmant et original, situé en direction de Srah Srang en léger retrait de la route : Prasat Kravan.
Prasat Kravan
Bâti au Xème s. sous le règne du roi Harshavarman 1er, Prasan Kravan est un temple plus ancien que le précédent, comme en témoigne sa construction en briques. Il a été restauré entièrement dans les années 60 (et encore en partie aujourd'hui). La technique khmère d’assemblage des briques est de haut niveau, du fait de la finesse des joints fait de chaux et de poudre de brique.
A première vue peu imposant, il n’en reste pas moins très beau. Les 5 tours sanctuaires sont alignées, et celle du sanctuaire central compte 4 étages.
A l’intérieur restent de très beaux bas reliefs auxquels la brique donne une apparence particulière. Vishnu y est à l’honneur, notamment sur Garuda, sa monture, dans le sanctuaire central.
Lakshmi, son épouse, est représentée dans le sanctuaire nord.
Courte pause de 25mn aussi agréable d'inattendue.
Village khmer
Nous remontons sur le tuk-tuk. A notre demande Monsieur Kong a prévu de nous déposer un moment dans un petit village situé à une petite vingtaine de minutes, pour découvrir une autre ambiance et voir ce que les villageois proposent comme produits artisanaux. Je ne me rappelle plus bien le nom de ce village, quelque chose comme “Prada”...
Il est composé de nombreuses maisons typiques qui longent la route principale, et l’une d’entre elles abrite un atelier qui vend de nombreux objets en bois, notamment en bois de palmier.
Nous profitons de la pause pour déguster quelques taals, les fruits du palmier rônier, servis hors de leur coque avec beaucoup de jus dans un petit sachet en plastique : blanc, limite translucide, sans noyau et un peu gélatineux, pas trop sucré. C’est très bon et rafraîchissant :)
Les enfants rentrent de l’école en vélo avec leur bel uniforme noir et blanc, et juste derrière les maisons quelques zébus en liberté s’abreuvent dans le peu d’eau restant dans les rizières et se mettent à l’ombre.
Monsieur Kong nous montre un puits récemment installé. Dans beaucoup de village, ces puits sont construits grâce à l’aide financière de généreux donateurs dont les noms figurent en général sur une plaque aux abords du puits. L’accès à l’eau est protégé par une colonne en béton et l’eau est “tirée” des profondeurs à l’aide d’une pompe. Sinon les puits sont moins profonds, donc l’eau est beaucoup moins pure, ce qui entraîne des maladies, et elle doit être puisée “à la main” (voir la fin de notre journée ici : http://www.deloinenlarge.com/2015/12/cambodge-jour-4-autour-du-tonle-sap.html).
Les enfants du village ne perdent pas le nord. Quelques uns entourent notre tuk-tuk, tout sourire, à la fois curieux, amusés, et désireux de nous vendre leurs babioles.
Un coin tranquille.
A un rythme zen nous quittons le village vers 12h30, en direction de l’est, pour notre prochaine visite.
Banteay Samré
Alors nous ne nous attendions pas à cela, ce temple est magnifique. D’autant plus qu’à cette heure de la journée même si le ciel est blanc, la lumière met en valeur la pierre.
Le temple étant plus isolé, il reste très épargné des touristes qui en général tracent la route jusqu’à Banteay Srei sans prendre le temps de s’arrêter. Nous le visitons donc dans le calme le plus total.
Minutieusement restauré par Maurice Glaize dont on a parlé dans les premiers articles, sa construction débute au XII ème s. sous Suryavarman II (d’où le style d’Angkor Vat) et s'achève au XIII ème s. sous Jayavarman VIII.
Entouré de hautes et épaisses murailles en latérite, c’est un grand carré d’environ 80m de côté, temple dans lequel on pénètre, au delà de la première enceinte, par de beaux gopuras.
L’oeuvre du temps sur la latérite est impressionnant, la pierre est creusée comme du bois vermoulu.
Autour du grand sanctuaire central, les gopuras et bibliothèques présentent de beaux linteaux aux décors riches et intéressants, tandis que les galeries apportent une fraîcheur agréable et une lumière douce.
Nous sortons par la terrasse orientale qui nous mène à une belle chaussée gardée par des lions et s’enfonce dans la forêt en ligne droite.
Super visite, d’environ 1h.
Nous quittons les lieux pour environ trois-quarts d’heure de tuk-tuk en direction du Nord.
Nous arrivons à Banteay Srei et Monsieur Kong nous propose de déjeuner, compte tenu de l’heure. Nous nous posons volontiers dans un petit resto ombragé, sous de bienvenus ventilateurs, et invitons Monsieur Kong à se joindre à nous pour ce dernier repas, l’occasion de discuter de nos vies, de nos familles. Un moment agréable passé à ses côtés, avant de repartir pour notre dernière visite de la journée, pour un coucher de soleil superbe.
Banteay Srei
Les abords du temple sont très aménagés et la taille des parkings laissent penser à ce que cela doit être aux heures de forte affluence.... Hall d’accueil, mini expo, boutique… Nous évitons tout cela soigneusement.
On accède au temple lui-même par d’agréables chemins aménagés au milieu de rizières propres et bien tenues, très “touristiquement correctes” mais agréables à l’œil, reconnaissons le.
Ce temple, considéré comme l’un des joyaux d’Angkor doit sa célébrité à la grande finesse de ses sculptures, statues et décors en grès rose, tout autant qu’à leur excellent état de conservation.
L’accès se fait par l’est, par une chaussée bordée de 32 bornes et entourée de vestiges de galeries et nous pénétrons dans la première enceinte. Belle vue sur le temple, entouré de larges douves.
Nous en faisons le tour : magnifique, un bijou posé sur une île au milieu de la verdure.
Nous ressortons par le gopura occidental puis retournons vers l’entrée orientale en longeant les remparts.
Notre cher André Malraux s’est rendu tristement célèbre en ce lieu : il fut arrêté en 1923 à Phom Phen pour avoir tenté de dérober plusieurs statues et décors de Banteay Srei....
Si la visite du temple peut-être assez rapide car le temple n’est pas très grand, nous prenons le temps de l’admirer sous tous les angles.
Nommé à juste titre “la Citadelle des femmes”, nombre d’apsaras et dévatas superbement sculptées décorent les colonnes et murailles. Les fausses portes et les frontons sont également admirables, les spécialistes y reconnaissent des scènes classiques de la mythologie, les novices essaient de comprendre et se laissent porter par l’esthétique générale.
Comme par exemple ce fronton où le démon à vingt bras et dix têtes Râvana secoue le Mont Kailâsa (symbolisant le Paradis), résidence de Çiva.
L’harmonie est remarquable, l’équilibre et les proportions sont parfaites.
L’enceinte intérieure est de taille plutôt réduite, si bien qu’il est très simple de faire le tour des gopuras et tours sanctuaires, et ainsi observer de près chaque décor.
La lumière du coucher du soleil magnifie chaque détail, jeu d’ombre et lumière, tout en douceur.
Nous sommes très peu à profiter de ce moment rare, tandis que le soleil glisse petit à petit derrière les feuillages, pour réapparaître entre les tours et baigner les lieux d’une lumière orangée.
Instant magique, images d’exception. Notre dernière vision des temples d’Angkor avant de quitter Siem Reap.
Vers 18h, la nuit tombe et nous rejoignons Monsieur Kong pour un retour paisible, 1 heure de route tranquille dans l’air du soir jusqu’à notre Guesthouse sur Siem Reap.
Nous réglons notre dernière journée et faisons nos adieux chaleureux à Monsieur Kong, dont j’ai déjà dit tout le bien qu'on en pense, lui souhaitant bonne chance pour son examen de guide, puis rejoignons Patrick et Iza qui arrive tout juste de Belgique.
Nos hôtes nous offrent un thé glacé, l’occasion de faire connaissance avec Iza avec qui j’avais longuement échangé par mail, de discuter de nos visites, de leur expérience d’expatriés parfaitement intégrés à la vie locale. Il faut dire que tous deux respirent une grande humanité et ils ne ménagent pas leurs efforts pour venir en aide aux cambodgiens, notamment sur le plan sanitaire.
Pour ce dernier dîner nous décidons de retourner à notre petit resto “coup de coeur” du premier soir, little Kroma, situé à quelques dizaines de mètres de la guesthouse. Toujours aussi bon, peu cher, et convivial. Ce soir c’est la petite qui nous sert, intimidée mais toute fière de prendre notre commande et nous apporter nos plats.
Nous trouvons ici cette simplicité touchante qui marquera notre séjour au Cambodge.
Nous ne pouvons rêver mieux comme fin de séjour du côté d’Angkor....
De retour dans notre chambre, nous préparons nos sacs pour être fins prêts le lendemain. C'est que nous nous levons tôt pour notre départ en bus vers Battambang.
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