Jeudi 5 mai
- Balade en vélo de Kintamani à Keliki (école de peinture)
- Déjeuner à Keliki
- Atelier de Made Ada
- Combats de coqs
- Soirée à Ubud
Aujourd’hui changement de style, on passe en mode “touriste” pour un tour plus “packagé”. Vers 9h l’équipe de Bali Culture tour (réservation proposée et réalisée par Albert) vient nous chercher à la guesthouse et nous partons vers le nord en direction du Mont Batur. L’objectif est de nous rendre à Kintamani, village en balcon face au volcan, puis redescendre en VTT par les petites routes jusqu’à Keliki d’où nous pourrons rejoindre Saudara Home en voiture. Plusieurs arrêts sont prévus : coffee plantation (dur d’y échapper, tout le monde l’inclut dans les tours), “petit-déjeuner” dans un resto de Kintamani, arrêt dans les villages, fermes agricoles et cheminement en forêt, déjeuner dans une maison traditionnelle à Keliki où se trouve une célèbre école de peinture de Bali puis transfert à Pakudui. Le tout pour 450 000 IDR soit 30€/p, ce qui reste franchement raisonnable.
Nous avons prévenu Albert que nous souhaitons faire cette sortie en petit groupe : j’ai lu beaucoup de mauvaises expériences sur ces pseudo-expéditions en vélo qui ne correspondent pas vraiment à notre vision du voyage. Sur Ubud des dizaines d’agences proposent un tour similaire dans une ambiance de foire aux bestiaux, mais Albert nous assure que l’agence qu’il a choisie est de bonne qualité, alors nous tentons.
De Kintamani à Kéliki en vélo
Dans la voiture qui nous amène à Kintamani, nous sommes seulement accompagnés d’une famille australienne, un couple avec 2 grands enfants, dont la chef de famille s’avère bavarde comme une pie mais pleine d'enthousiasme. Au final, cette blonde souriante et agitée, qui nous compare les prix des jeans et des litres de vodka entre Perth et Ubud et vante toutes les activités touristiques de l’île, nous fera plutôt rire et notre sortie se déroulera dans une atmosphère très bon enfant.
Nous faisons donc comme convenu un premier arrêt dans une plantation de café où nous avons droit aux mêmes explications et aux mêmes dégustations qu’à Bali Pulina (voir notre 2ème jour) dans un cadre sympa mais moins charmant.
Vers 10h nous nous remettons le cap plein nord vers Kintamani, par une route étroite et truffée d’ornières, où nous arrivons vers 10h30.
Le mini-van nous dépose devant un restaurant quasiment vide où nous nous installons en terrasse face au Gunung Batur. Le panorama sur le volcan et la caldeira, jusqu’au lac à sa droite, est spectaculaire. Les nuages apportent un relief certain et la forêt qui nous entoure contraste avec les coulées de lave que nous apercevons au loin. Nous mangeons un morceau en formule buffet, quelques brochettes accompagnent mie et nasi goreng, et buvons un thé profitant de cette vue superbe.
Une demi-heure plus tard nous reprenons la route, malheureusement dos au volcan (mais nous aurons l’occasion de le voir de plus près plus tard dans notre séjour), et nos accompagnateurs nous déposent vers 11h15 à notre point de départ en vélo. Nous choisissons nos montures, on nous donne une bouteille d’eau et c’est parti.
C’est reposant et plutôt apaisant, quasiment toujours en descente : si nous démarrons par des routes un peu passantes, nous les quittons assez vite pour emprunter des voies plus tranquilles, puis des chemins au milieu des cultures où nous croisons plus de vaches que de piétons ou cyclistes. Les groupes les plus importants restent sur les routes principales, pour notre plus grand bénéfice.
L’ambiance est agréable, notre australienne survoltée laisse exprimer régulièrement (et bruyamment) sa bonne humeur, et lorsqu’elle chute -sans blessure- dans une ornière devant ses enfants, l’atmosphère tourne à la franche rigolade y compris pour Kadek, notre guide.
Nous faisons une halte un moment dans une ferme occupée par une famille qui nous fait visiter les lieux. Les conditions de vie sont modestes. Nous découvrons la diversité des cultures de fruits et légumes dont la production se retrouvera certainement sur les marchés de la région.
A l’entrée de la ferme, d’énormes araignées ont tissé un faisceau impressionnant de toiles et les bêtes attendent patiemment qu’une proie s’y jette. A défaut de proie, c’est Kadek qui y plonge la main pour nous démontrer que ces araignées sont aussi inoffensives qu'impressionnantes. Moi, je le crois et m’écarte.
Mais Audrey tente l’expérience et laisse une des grosses bêtes gambader sur ses bras suivant l’exemple de Kadek. On a beau dire, c’est impressionnant surtout pour moi qui en ai la phobie. Je vous épargne les réactions, sous forme de petits cris et gémissements nerveux, de notre amie australienne, moins discrète que moi dans la gestion du stress généré par les arachnides…
Après cette séquence émotion, nous quittons la ferme et poursuivons la descente à travers champs, forêts et petits villages. Sur les sentiers, la balade est toujours aussi agréable, et la seule vraie montée a lieu en forêt lorsqu’un groupe d’ouvriers bloque la route, occupés à abattre un arbre, nous obligeant à faire demi-tour et trouver une autre voie.
Après un passage très chouette dans les rizières (plus de batterie dans l’appareil photo, la nouvelle est restée dans le mini-van que l’on retrouvera un peu plus tard), nous reprenons la route et arrivons à Keliki un peu avant 14h.
Keliki
Nous sommes accueillis par Ida, qui s’avère être un professeur de peinture du centre école de Keliki. Nous sommes dans l’enclos familial qui lui sert également d’atelier de peinture et de lieu d’accueil des petits groupes en visite. Ida nous propose à boire puis nous mangeons grâce au petit buffet à notre disposition : riz, poulet, porc, légumes. Nos australiens pressés nous quittent à la fin du repas, et nous restons tranquillement à apprécier la tranquillité du lieu. Évidemment Ida nous vante dans un excellent anglais les œuvres de ses étudiants -et les siennes- qu’il nous présente sur une grande table en bois.
Eh bien on est bluffés : la finesse et la minutie des traits sont incroyables. Ces miniatures, dont le prix de vente est proportionnel à la surface peinte et à la finesse du trait, représentent des scènes de la vie quotidienne en lien avec la nature (récoltes, paysages, animaux) ou d’inspirations religieuse et rituelle (figures hindouistes, danses…). Alors on se laisse tenter, et nous négocions notre joli souvenir balinais.
Dans la mesure où nous aurions dû partir avec les Australiens mais que l’on a fait durer, Ida nous trouve un chauffeur pour nous ramener à Saudara home (le prix est inclus dans le package payé à Bali culture tours). Un bonhomme tout juste rentré des travaux en forêt et ne parlant pas anglais assure notre retour et vers 15h15 nous sommes de retour à la guesthouse.
Nous prenons une douche rapide et récupérons le scooter que Madé (c’est le sien) nous loue jusqu’au lendemain soir (3,5€/ jour casques inclus !). Un bon petit scoot’ tout automatique, c’est parfait pour nous.
L’atelier de Made Ada (Ada Garuda Gallery)
Nous partons libres comme l’air pour quelques centaines de mètres seulement, et nous arrêtons chez le sculpteur Made Ada, voisin d’Albert dont je vous parlais il y a 3 jours, et qui habite cette maison immense au milieu des rizières.
Après avoir passé l’incroyable entrée gardée par un garuda géant, nous retrouvons son fils (dont je n’ai plus le nom) qui assure la visite.
Au rez-de-chaussée c’est l’atelier et d’immenses sculptures en bois sont exposées. Certaines ont été présentées dans des expositions internationales, et les lieux ont été fréquentés par nombre de chefs d’état dont Barack Obama (la famille en est très fière). Les sculptures sont impressionnantes et la qualité du travail du bois indéniable.
A l’étage, une “salle” de spectacle où ont régulièrement lieu des cours et répétitions de danses traditionnelles, lesquelles donnent lieu ici-même à des représentations publiques (Albert nous en a dit beaucoup de bien).
Le fils de Made Ada, surnommé Gamang king, est aussi grand amateur de photographie, qu’il pratique avec talent. Nous passons un moment a admirer ses photos, il commente avec passion celles qui attirent notre attention.
Par delà les balustrades, très belle vue sur les rizières et, un peu plus loin, Saudara home.
Il est plus de 16h30 lorsque nous quittons les lieux, et nous décidons de redescendre tranquillement vers Ubud en prenant les petites routes. En scooter, c’est vraiment génial…
Après avoir rejoint la route principale, à proximité de Tegallalang nous apercevons sur la gauche une myriade de scooters et une sorte de halle grouillante de monde. Curieux nous laissons notre scooter avec ses cousins et pénétrons la foule, pour découvrir qu’ont lieu en ce moment même… des combats de coqs…
Combats de coqs
Évidemment nous ne sommes pas fans. C’est cruel, de voir tous ces gens parier sur ces pauvres bêtes qui s’étripent. Mais c’est insolite et cela fait partie de la vie des habitants, alors on assiste au spectacle, seuls occidentaux des lieux. De temps en temps se posent sur nous quelques regards curieux, mais nous sommes acceptés, on se faufile pour regarder le spectacle qui occupe une grande partie de la population masculine du village.
Les hommes excitent leurs bêtes en leur arrachant quelques plumes afin de tester leur combativité et leur agressivité face à leur futur adversaire. Les deux plus réactifs sont sélectionnés pour le prochain combat. Et là c’est le début de l’enfer pour ces bêtes. Chaque coq passe entre les mains d’un premier bourreau, qui lui tranche l’un des deux ergots pour le remplacer par une lame effilée comme un rasoir.
Pendant ce temps, les hommes qui entourent l'arène passent aux paris. Lorsque les enchères sont suffisamment montées et que le temps limite est atteint, les coqs sont amenés sur leur ring de terre battue et au signal, ils sont lâchés sous les cris de la foule.
Les bêtes rendues folles se jettent l’une sur l’autre, les plumes volent, le sang gicle. Les hommes hurlent de joie ou huent le plus faible. Si un round ne suffit pas, il faut passer au deuxième. Si ce dernier ne suffit toujours pas, les deux coqs sont placés ensemble sous une cage en osier où ils sont invités à s'entre-tuer dans une proximité accrue.
Si le gagnant n’est jamais en bon état, le perdant souffre, perd du sang, titube, erre, hagard, en boitant sur la terre souillée de plumes et de sang. Leurs propriétaires les récupèrent, le gagnant ramasse ses gains et les coqs sont écartés du ring. Leur calvaire n’est pas terminé : à l’arrière de la zone de combat, ils sont alors plumés à vif, on leur coupe les pattes et la tête, prêts à consommer. Voilà, c’est à peu près comme cela que ça se passe.
Lorsque nous quittons le gallodrome, le soleil s’est couché. Nous avons l’estomac retourné et le cœur serré. Une expérience. Cela fait partie du voyage. Ni mieux ni pire qu'une bonne vieille corrida, l'expression criante de la cruauté de l'homme comme point commun. En France, dans le Nord, la tradition perdure...
Fin de journée à Ubud
Lorsque nous parvenons à Ubud, nous retournons au Cinta bar bien que la “happy hour” soit passée. Nous nous remettons de nos émotions avec un petit cocktail avant de rejoindre le Wahyu restaurant, un petit boui-boui familial situé face au stade près de Monkey Forest road. Ce petit resto nous a été conseillé par la personne que nous avons rencontrée au marché de Sukawati la veille. Rien de particulier à dire sur ce resto : la nourriture est correcte et c’est très bon marché (repas complet et boisson pour moins de 10€ à deux). Il est en retrait de la route principale, nous sommes seuls à table.
Nous reprenons le scooter et partons pour 25mn de route en nocturne. Je me méfie des chiens qui se baladent sur les bas-côtés, et des vélos que l’on ne voit qu’au dernier moment. Aux environs de Tegallalang, une chauve-souris kamikaze vient s’écraser sur ma poitrine dans un un bruit sourd. Impressionnant. Paix à son âme.
Lorsque nous quittons la route en direction de Pakudui, la température baisse nettement, c’est vrai que les nuits sont agréablement plus fraîches du côté de Saudara home…
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Le Gunung Batur veille sur cette partie de l’île |
6 commentaires:
Bonjour,
Boycotte du café Luwak sous prétexte de cruauté envers les animaux, mais vous assister aux combats de coq ?!?!?
Bon votre récit est quand même TRES intéressant
Salutations
Olivier
Bonjour Olivier,
Merci pour votre visite sur le blog, pour votre lecture attentive et votre réaction.
Le "café luwak" est désormais devenu un argument attrape-touriste. Une tradition qui a entraîné une surexploitation des bêtes, et un prétexte pour vendre du café 10x plus cher au prix de la vie de ces pauvres bêtes.
Les combats de coq font partie de la vie quotidienne des habitants, les touristes n'y assistent pas, les combats ne sont pas organisés pour les touristes et ne génèrent pas de revenus issus du tourisme de masse, contrairement au fameux café.
J'espère que la nuance entre ces deux points est suffisamment claire.
Et j'espère que le récit du combat de coq expose suffisamment la cruauté de cette pratique, que je dénonce évidemment. J'ai souhaité voir de mes propres yeux pour en juger.
La sémantique du post peut mettre sur la piste.
- "Et là c’est le début de l’enfer pour ces bêtes. Chaque coq passe entre les mains d’un premier bourreau,"
- " le perdant souffre, perd du sang, titube, erre, hagard, en boitant sur la terre souillée de plumes et de sang"
- "Lorsque nous quittons le gallodrome, le soleil s’est couché. Nous avons l’estomac retourné et le cœur serré. Une expérience. Cela fait partie du voyage. Ni mieux ni pire qu'une bonne vieille corrida, l'expression criante de la cruauté de l'homme comme point commun. En France, dans le Nord, la tradition perdure..."
Je pense que vous aurez bien saisi le sens de mon post, et vous m'avez donné l'occasion de préciser mon point de vue.
Merci encore et à bientôt
Fabrice
Bravo pour cet excellent blog, bien écrit et instructif. Pour mois, 2 mois encore à patienter.
Bonjour Jean,
Merci vivement pour votre commentaire, qui nous fait très plaisir
Bon voyage à Bali !
Fabrice
Bonjour
Comme d'habitude nous lisons votre blog avec les plus grands plaisir et intérêt! Merci pour tous ces partages, qui depuis des années nous sont d'une grande aide.
Sophie
Bonjour Sophie,
Un grand merci pour votre message, pour vos visites sur le blog et pour votre fidélité.
Cela fait grand plaisir ! j'espère pouvoir retrouver du temps pour l'alimenter plus régulièrement en articles. Vous pouvez aussi suivre sur Instagram et Facebook.
Content aussi que ce beau voyage à Bali attire encore "l'oeil" :)
Bons voyages à vous :)
Fabrice
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