Samedi 17 mars
- Banga-An
- Batad
- Déjeuner au Guihob restaurant
- Banaue
- Bus de nuit pour Manille
Banga-An
Lever 6h30.
Les coqs ont chanté dés 4h, on a été obligés de mettre les bouchons d’oreille.
Notre petit déjeuner est pantagruélique, Attom et nos hôtes nous sortent le grand jeu. Patate douce frite, poêlée de feuilles de moutarde tout juste ramassées aux abords des rizières, omelettes, riz, nouilles dans le bouillon du canard d’hier soir, papaye fraîchement cueillie… Ça ne s’arrête plus !
Nos sacs bouclés, nous avons droit à une séance dont nous ne sommes pas particulièrement friands mais à laquelle nous nous plions exceptionnellement volontiers. Notre hôtesse veut absolument nous faire poser en habits traditionnels… En un clin d’oeil nous voilà devenus "Chefs du village", pour le meilleur et pour le pire... des photos, que la décence nous oblige à dissimuler...
Après cette conclusion folklorique nous quittons Banga-An, qui est vraiment un charmant village. La remontée vers la route est déjà dure… Il faut dire que les escaliers sont très raides mais….serait-ce l’effet d’un estomac bien plein ?
Tout en haut, Samuel nous attend déjà à bord du jeepney. Quelques centaines de mètres plus loin nous faisons un arrêt rapide pour profiter du beau point de vue sur le village. Une vraie carte postale, classée comme Batad et Mayoyao au Patrimoine mondial de l'Unesco.
Samuel !
Puis poursuivons notre route sur 25mn jusqu’au point de départ du chemin menant à Batad.
Batad - huitième merveille du monde
Nous laissons le jeepney et poursuivons à pied avec Attom. Le chemin est assez raide, il chemine assez rapidement entre maisons et guesthouses annoncées à grand renfort de panneaux colorés.
En 15 min nous parvenons à un premier point de vue. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est exceptionnel.
Quelle claque ! Oui, les rizières en terrasse de l'Ifugao sont bien la huitième merveille du monde.
Par chance la vue est dégagée, et les passages nuageux donnent un relief magique au paysage. La renommée de l'amphithéâtre de Batad prend désormais tout son sens.
Ici l'on mesure le formidable travail que l'homme a entrepris depuis vingt-cinq siècles, un travail acharné pour sculpter les rizières sur ces pentes abruptes, adaptant ses méthodes de travail aux contraintes de l'environnement.
On aperçoit le "viewpoint" tout là haut. On en reparle plus bas...
Des milliers de parcelles de rizière en terrasse se superposent formant une palette de verts déclinés à l'infini, que les montagnes bleutées de l'Ifugao mettent pleinement en évidence.
Attom, qui connait évidemment par cœur le site, nous guide au travers des rizières que nous surplombons tels des funambules.
A chaque minute, le paysage semble changer, au gré des différents points de vue et du passage des nuages qui jouent avec la lumière. Toujours pareil, et pourtant jamais pareil. "Same, same, but different !", comme nous le répétaient Jojo et Attom les jours précédents.
Nous progressons, émerveillés, dans ce décor superlatif, grimpant et descendant de passages en murets étroits.
Le village de Batad se love dans la vallée, voisin de petits hameaux. Devenu assez touristique, il accueille plusieurs guesthouses appréciées des randonneurs en route vers Kambulo. Malgré tout encore isolé (la route ne parvient pas encore jusque dans la vallée...), il y persiste encore une vie de village comme en témoigne la petite école au toit vert pâle. Les habitants exploitent courageusement les rizières, au fil des saisons et des caprices de la météo qui entraînent régulièrement de terribles glissements de terrain.
Bravant mon vertige et vouant une confiance totale en Attom, j'attaque avec appréhension la montée vers le "viewpoint" qui m'effraie vu d'en bas... Mais venir jusqu'ici sans profiter pleinement du site ? Attom nous assure qu'une fois en haut nous n'aurons pas à redescendre (heureusement, ç'aurait été impossible pour moi), et qu'il me soutiendra si nécessaire durant la montée. Audrey est plus confiante, elle joue la première de cordée, tandis que je progresse derrière Attom, les jambes tremblantes, jetant de timides coup d’œil en arrière comme pour mesurer l'exploit... On ne se moque pas !
Les marches sont très raides et nous parvenons, moi particulièrement soulagé, au fameux viewpoint où est établie une petite buvette.
Mais nous sommes tellement heureux de profiter de cette vue. Quelle harmonie, quel spectacle ! Nous restons un moment à profiter de l'instant présent.
L'esthétique rizicole est ici à son apogée.
L'esthétique rizicole est ici à son apogée.
A l'arrière de la buvette continue le chemin en direction de Kambulo. Pour notre part, nous poursuivons vers la droite toujours sur d'étroits murets en direction d'un groupe de villageois qui travaillent dans les rizières.
Là encore la photogénie est comme une évidence, et les perspectives ne sont plus tout à fait les mêmes, des vagues de rizières se déroulent à nos pieds. Le spectacle du riz à différents niveaux de maturité en rajoute encore, comme le reflet du ciel sur les terrasses en eau.
Nous traversons à nouveau l'amphithéâtre à mi hauteur, jusqu'à rejoindre une cahute en bois où une famille a établi son petit commerce. C'est l'occasion de nous désaltérer d'une coco bien fraîche et de profiter encore quelques minutes de cette belle ambiance. Attom est à l'honneur.
Après un peu plus de 2h30 de balade dans les rizières nous remontons jusqu'au "parking" le long de la piste où sont stationnés les jeepneys et rejoignons Samuel qui nous y attend patiemment.
De nouveaux touristes à plumer |
"Vegetable dealer", tout de même |
Déjeuner au Guihob restaurant
Nous prenons la route un moment en direction de Banaue, et nous arrêtons pour déjeuner près "piscines" naturelles de Guihob où un vaste (mais plutôt authentique) restaurant est installé. La rivière en contrebas ne nous attire pas.
Nous buvons quelques bières et commandons notre déjeuner, c'est que nous avons soif et nos aventures du matin nous ont particulièrement mis en appétit. Et ça tombe bien, notre repas est très bon et copieux. Nous savourons nos plats accompagnés de l'ambiance animée de la salle du restaurant qui s'est transformée en karaoké, où s'égosillent les serveurs et quelques touristes.
Mais non ils ne chantent pas faux !
Insensible au karaoké |
Retour à Banaue
De retour à Banaue, Samuel nous dépose au centre du village, c'est l'opportunité pour nous de refaire un peu de change et d'acheter deux beaux "Bulol" en bois sombre dans l'une des nombreuses boutiques de souvenirs. Le "bulol", c'est cette statuette, représentation symbolique et stylisée des ancêtres, qui assure la protection des rizières et favorise leur fertilité. Tout un symbole !
Toujours accompagnés d'Attom nous sautons dans une moto tricycle et filons sur les hauteurs du village jusqu'à la clinique dont nous avons fait l'heureuse (!!) découverte grâce à Audrey 6 jours auparavant.
L'objectif est de faire ôter proprement les points de suture d'Audrey après avis du médecin, celle-ci étant sceptique quant à mes capacités à faire le job à coup de couteau suisse. On se demande bien pourquoi.
La cicatrice est belle, les points peuvent être enlevés, et à voir la difficulté à tirer le dernier fil je suis particulièrement heureux de ne pas avoir eu à le faire dans l'avion pour Palawan !
La cicatrice est belle, les points peuvent être enlevés, et à voir la difficulté à tirer le dernier fil je suis particulièrement heureux de ne pas avoir eu à le faire dans l'avion pour Palawan !
Nous laissons l'équipe médicale après nous être acquittés de 50 pesos pour le service et Attom fait en sorte que le tricycle nous dépose à la Banaue guesthouse où nous attendent nos affaires.
Nous y prenons la meilleure douche de notre vie après cette semaine de confort plus que sommaire et mettons un peu d'ordre dans nos sacs, puis Attom - d'une abnégation de tous les instants nous accompagne jusqu'au "Bistrot" où nous rejoignons Zélie et Samuel (voir jour 3) de l'agence Ifugao trek, qui nous a permis de vivre cette belle expérience dans les montagnes de Luçon.
Nous discutons un moment autour de quelques mojitos de cette magnifique semaine, 6 jours d'immersion incroyable que nous garderons ancrés à vie en nos mémoires, pour l'expérience, les paysages, les habitants, la gentillesse et le professionnalisme d'Attom, sans oublier Jojo. Et pour Zélie et Samuel, tellement adorables et attentionnés.
Bus de nuit jusqu'à Manille
Un peu émus, nous saluons toute la troupe et encore escortés par Attom nous gagnons le point de départ du bus de la compagnie Ohayami qui doit quitter Banaue à 19h en direction de Manille (places réservées par précaution sur Easybus depuis la France, très fiable, environ 1200 pesos à deux, soit 19€).
Voilà, nous sommes partis : nous échangeons nos derniers sourires avec Attom et mettons le cap vers le sud et les îles. A chaque voyage il nous reste toujours plusieurs visages, plusieurs prénoms. Ceux qui nous marquent, que l'on retient longtemps. De toute évidence Attom sera de ceux là, comme Ketut à Bali, ou Napi sur Tioman. Et puis nous avons vécu près d'une semaine ensemble.
Le bus est un peu moins confortable qu'à l'aller avec Coda Lines, mais rien à signaler. Un peu plus tard nous ferons une pause dans un restaurant de bord de route sans intérêt, et pendant que nous dormons la tête encore perdue dans les paysages de rizières, les heures défilent à un rythme tranquille jusqu'à la grande ville...
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1 commentaire:
Chaque photo est magnifique....Aussi bien les paysages de rizières que les gens pris sur le vif..et même les animaux!!!!
Et toujours ce souci d'être au coeur du pays au delà des curiosités géographiques!
Bravo..et merci!!
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